Max Fullenbaum, enfant caché, est un survivant de la Shoah, du génocide des juifs. Son écriture est une écriture d’après le nazisme, où l’aspect plastique percute le sens des mots, pour évoquer l’irréparable.
Qui suis-je ?
J’ai été un enfant caché pendant la seconde guerre mondiale. D’avoir vécu ma prime enfance dans un climat de peur et d’angoisse a fortement influencé ma sensibilité puis mon écriture quand, bouleversé par le négationnisme, j’ai commencé d’écrire mohair, la mort phonétique, en 1992, à l’âge de 55 ans.
Mon travail d’écriture :
J’ai toujours perçu les mots comme des sculptures, et ces trois dimensions du mot retentissent dans mon travail d’écriture ainsi que dans les vidéos que j’ai réalisé. Dans mohair, par exemple, j’ai cherché tout à la fois à créer un mouvement tangible à partir des caractères gras et à restituer un « envers » des mots à partir de leur ombre perçue au travers du filigrane du papier. Dans mot à mot oratorio, c’est un phénomène d’écho de la voix qui produit la réverbération que j’ai souhaité.
Mon inspiration :
Mon travail d’écriture secrète de lui même une manière d’écrire. Une phrase, un jour venue, la ponctuation est l’église de la phrase, m’a dirigé vers une double autobiographie, l’une en temps de guerre, hiatus, période sans foi ni loi, donc sans ponctuation, l’autre d’après-guerre, Ilje, où la ponctuation, accompagnant la paix, est revenue. L’absence de ponctuation a donc une signification historique.
De même, par exemple, rapprocher La Joconde modifiée par Duchamp et le pauvre Max à l’étoile, modifié par les nazis, a déclenché le texte du pléonasme au rébus, qui ouvre mot à mot oratorio… Et cette approche déclinatoire vaut, par exemple, pour le recueil érotique Soft and Hard que je ne considère pas comme un texte secondaire mais plutôt comme une consécration de l’emprise du mot individuel sur la phrase qui le contient.